Elle est inscrite dans le cœur de l’homme par la main de Dieu qui l’a modelé à son image. Sans doute ses préceptes peuvent-ils être gravés sur la pierre ou écrits dans des livres, mais ils correspondent à des aspirations qui alimentent le dynamisme de nos facultés. Aussi n’est-ce pas une loi statique, même si elle emploie des formes limitatives dans ses prescriptions; elle est d’essence dynamique, comme les vertus qu’elle est destinée à former en nous.
Ainsi inscrite dans le cœur de l’homme, la loi naturelle est indélébile, non qu’elle ne puisse être contrariée, ni même niée par certains modes de vie et en théorie; mais toujours elle resurgit dans l’aspiration à la vérité et au bien, et dans le sens d’autrui, qui forment les fils entrelacés d’un unique attrait pour la qualité morale. Aucun mensonge, aucun crime, aucun errement ne peut détruire cette loi primitive, ni l’effacer vraiment. Si longs que soient les détours, elle nous revient toujours par un biais ou par un autre.
Cette loi est aussi universelle, comme la raison dont elle éclaire et dirige secrètement le travail, sous les constructions culturelles et les systèmes d’idées, à travers leur variété et leurs évolutions. Elle offre à tous les hommes une base commune et des critères fondamentaux d’appréciation morale.
La liberté d’indifférence créait une opposition radicale entre la nature et le vouloir libre. Il en est résulté une sorte d’éjection de la loi naturelle hors de la liberté. Traditionnellement considérée comme le premier fondement de la morale, la loi naturelle prenait désormais place en face de la liberté, comme une limite extérieure imposée par la nature des choses. De là provient l’opinion que la moralité nous advient, elle aussi, de l’extérieur : nous ne sommes pas moraux de naissance, mais nous le devenons sous la pression d’une loi édictée par Dieu, par l’Église ou par la société, par la coutume. La moralité devient un artifice nécessaire à la vie sociale; on peut sans doute l’assumer personnellement, mais elle variera au gré des époques, des cultures, et dépendra même des législations civiles, des décisions majoritaires.
La question est grave, car elle concerne notamment le fondement des droits de l’homme qu’on s’efforce de promouvoir aujourd’hui pour établir un minimum de consensus juridique et éthique dans le monde.
Or il n’y a pas de nature sans intériorité. Le drame de la liberté d’indifférence est d’avoir tourné le dos à l’intériorité spirituelle et à la vie qui jaillit d’elle comme un élan vers la vérité, le bien, le bonheur. Telles sont nos inclinations ou aspirations naturelles, comme une spontanéité première que nous pouvons deviner dans l’éclair de l’intuition de l’esprit ou dans l’élan primitif de l’amour. Cette redécouverte est d’une importance majeure. Elle permet de comprendre comment la loi naturelle et la moralité possèdent des racines au fond de nôtre liberté même ; comment aussi cette loi n’agit pas d’abord par contrainte, mais plutôt par attrait ; combien enfin elle est véritablement une loi vitale, entretenant le dynamisme et le déploiement de nos facultés d’action pour les rendre fécondes.
Ainsi entendue, la loi naturelle peut fonder solidement et soutenir la doctrine des droits de l’homme, au-delà des distinctions entre nations et races, époques et cultures. Elle est assez souple pour s’adapter aux inévitables différences et assez forte pour inspirer des convergences et des renouveaux, car la morale doit être un ferment de progrès si elle veut vraiment redevenir une science de la vie et de l’action.
sendo traduzido, aguarde..
